En 2021, un projet de route forestière a été proposé par l’ONF à la commune de Saint Maurice de Satonnay, afin de mieux desservir la moitié sud du massif de Chailloux, situé au sud-ouest du bourg, entre les routes d’Azé et d’Igé. La commission environnement de ADN s’oppose au projet actuellement présenté. Ci dessous figurent les arguments (en gras) qui nous ont été présentés dans la défense du projet, accompagnés des contre arguments des membres de la commission.
La route permettrait une meilleure desserte pour les pompiers.
→ Le massif est déjà desservi par 530 m de chemin carrossable + 410m de chemin accessible en voiture, à l’exception de quelques passages pouvant être facilement aménagés dans ce sens.
Il y a un sérieux danger de chute de branches sur les promeneurs.
→ Ce risque actuellement minime (les châtaigniers font majoritairement partie du taillis, c’est à dire de la strate basse, et ils ont un port par rejets verticaux), mais peut être accru par l’éclaircie du chantier.
Possibilité de faire des randonnées canines sur la nouvelle route, entre autres.
→ Les sentiers préexistants sont amplement suffisants et bien plus esthétiques…
60000 euros pris en charge par l’Europe dans le cadre du FEADER, seulement 20000 euros à charge de la commune.
→ Les 20000 euros seront amortis par la coupe intégrale des gros chênes de la partie Est, déjà amputée de son taillis… Une fois les chênes coupées, il n’y aura plus rien, le sol sera complètement exposé au lessivage des nutriments, à la manière d’une coupe à blanc.
Le robinier doit être valorisé : c’est une essence très prisée dans cette région viticole (piquets de vigne).
→ Mais le dérèglement climatique l’a particulièrement impacté (gel et épisode pluvieux intense au printemps puis sécheresse = fragilisation des fûts), et la surface concernée est négligeable, pas besoin d’engin lourd. A noter que le robinier, espèce introduite d’Amérique du Nord, contribue à la banalisation des peuplements : les surfaces occupées par cette espèce ont une biodiversité (aviaire notamment) très limitée. De plus, les piquets de vigne restent majoritairement en métal.
Nécessité de couper et de débarder les châtaigniers malades du chancre, pour privilégier des essences plus autochtones.
→ Les châtaigniers sont TOUS malades du chancre… Les couper reviendrait par endroit à tout raser, et certains montrent des signes de résistance. Le châtaignier est présent depuis plus de 6000 ans et c’est une espèce originaire d’Europe du sud-est et du Moyen Orient. Le couvert apporté par les châtaigniers permet encore une régénération des autres essences (hêtre notamment) malgré les étés critiques.
Il y a un besoin urgent d’éclaircir la plantation pour aider le chêne à se régénérer, afin de mieux se préparer aux effets du réchauffement climatique.
→ Le cloisonnement brutal proposé (bandes de coupes et de maintien alternées, une bande = 5m de large) favoriserait encore plus l’implantation du robinier, déjà bien présent sur la plantation et ses alentours nord et est, qui pousse beaucoup plus vite que les espèces autochtones après un apport en lumière. Ouvrir un massif déjà très éclairci par endroit (partie ouest) va créer un couloir de dessication, les arbres situés aux abords de la route, très exposés, risquent de dépérir progressivement (comme c’est déjà le cas à Satonnay).
L’impact global de la route sur l’environnement sera minime. Des zones de quiétude sont conservées localement (Azé, Igé, etc).
→ Ces zones correspondent à des massifs implantés sur des collines, extrêmement impactés par les récentes sécheresses (souvent des hêtraies). Ce chantier impliquera la destruction irréversible (certes autorisée…) d’une population émergente de prenanthes pourpres, astéracée forestière montagnarde, protégée réglementairement en Bourgogne. Les prenanthes qui ne sont pas situées sur le tracé de la future route seront pour leur part détruites par le débardage des châtaigniers coupés. Actuellement, la solution proposée consiste à recueillir des graines et à cultiver des prenanthes, ce qui n’a quasiment aucune chance d’aboutir (ces plantes sauvages ont besoin de conditions d’acidité et de luminosité articulières et difficiles à reproduire avec des méthodes conventionnelles).
Le massif n’est pas inscrit en ZNIEFF, il ne présente pas d’intérêt faunistique particulier.
→ On y trouve pourtant plusieurs espèces (parfois nicheuses) sensibles au dérangement (pic mar, pic épeichette, pigeon colombin, hibou grand duc…), il y a également présence de chat forestier (cf inventaire chasseurs + OFB, et film caméra) depuis 4 années de suite, espèce protégée très sensible à la fragmentation de son habitat. Le régime d’exploitation (taillis sous futaie) de la partie ouest du massif s’est révélé extrêmement attractif pour une trentaine d’espèces d’oiseaux, plusieurs espèces d’abeilles sauvages dont les terriers seront détruits par le débardage, etc.
La route finira par s’intégrer dans le paysage.
→ Cette infrastructure fera 12m d’emprise totale (avec bas côtés) et 850 mètres de long. Le sol sera tassé sur les côtés, ce qui empêchera toute végétation (hormis quelques graminées) de pousser, les arbres des abords seront exposés à la dessication. Ce type d’infrastructure (plus une plateforme de retournement pour camions) nous apparaît injustifié pour moins de 25 hectares desservis (la route représente à elle seule un hectare de surface) : d’autres méthodes d’exploitation et de désserte existent !