Mammifères sauvages : traces et indices

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Si la plupart de nos mammifères ne se montrent guère en journée (bien que cela ne soit pas une généralité), il est cependant aisé de trouver des traces de leurs passages : des empreintes principalement, mais aussi des fèces et parfois quelques autres “indices” de présence. Cet article permet de reconnaître les indices laissés par les espèces les plus communes de nos campagnes.

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Les images infrarouge ont été prises à l’aide des camera trap de trois adhérents.

Le sanglier (Sus scrofa) :

Le “roi” de nos forêts… et incorrigible fléau des cultures et des prés. Les empreintes du sanglier sont difficiles à confondre : plus de 7cm de long pour un adulte, des sabots pointus recourbés vers l’intérieur. Sur un sol boueux, on distingue parfois la marque laissée par les deux doigts postérieurs, appelés “gardes”. Un écartement des deux gardes plus grand que celui qui sépare les deux sabots indique un mâle. Il est assez rare de trouver la piste d’un animal seul, à moins qu’il ne s’agisse d’un vieux mâle (“bête noire”). Les empreintes des laies sont souvent accompagnées de celles des marcassins (4cm de long).

Les crottes sont assez imposantes (jusqu’à 10cm de long et 4cm de diamètre), caractéristiques de par leur aspect “boursouflé”. Les sangliers laissent souvent d’impressionnantes traces de leur passage lorsqu’ils fouillent le sol des forêts ou des prés à la recherche de nourriture (on parle alors de “vermillis”). Ils apprécient également la boue, qui les débarrasse de leurs parasites : certains endroits piétinés autour d’une flaque témoigne de leurs “bains”, avec des souches écorcées qui ont servi de grattoirs tout autour : de tels lieux sont appelés “souilles”.

Le chevreuil (Capreolus capreolus) :

L’autre “grand gibier” de nos bois. Le chevreuil est moins nocturne que le sanglier et, contrairement à sa réputation, assez peu farouche. Il est très facile d’observation en forêt, généralement dans les clairières d’affouages ou en lisière, en particulier aux mois d’avril, mai et juin. Ses crottes sont bien différentes de celles du sanglier : il s’agit la plupart du temps de petits billes (guère plus d’un centimètre) légèrement allongées, en tas (appelés “moquettes”), trouvées dans les forêts comme les prairies. Les empreintes sont assez petites (4,5 cm de long et 3 de large), plus petites donc que celle du sanglier, et plus allongées.

Les bois du mâle chutent en novembre et repoussent au milieu de l’hiver : ils sont alors recouverts d’un velours qui “nourrissent” les bois via des vaisseaux sanguins. Ce velours tombe au printemps : le brocard gratte ses bois contre des troncs pour accélérer sa chute. Certains vieux mâle, appelés “daguets”, présent des bois fins et peu ramifiés. D’autres sont parfois affublés d’étranges excroissances globuleuses ou d’autres curiosités, causées par certaines carences ou maladies : on parle alors de “têtes bizardes”. Un chevreuil apeuré ou excité peut “aboyer” : il s’agit d’un cri bref, semblable à l’aboiement d’un chien en plus sec, répété avec quelques secondes d’intervalle.

Le blaireau (Meles meles) :

Cet animal unique est notre seul carnivore grégaire. “Carnivore” est un bien grand mot, puisqu’il se nourrit majoritairement de racines, de fruits et de céréales, mais son éclectisme est bien connu, et il peut ajouter des insectes, amphibiens, petits mammifères et lombrics à son menu. Les colonies sont généralement composées de femelles et de jeunes mâles (les mâles adultes sont solitaires). Le terrier du blaireau se reconnaît facilement à son entrée large et lissée par de multiples passages, avec une belle coulée et de nombreuses entrées secondaires. Il est généralement situé en pente, sous de petits affleurements rocheux forestiers pour les colonies, ou sur un petit talus en forêt (rarement dans un pré ou un vignoble) pour les solitaires. Le blaireau est essentiellement nocturne : très discret le jour, il n’hésite pas à s’aventurer au bord des routes et jusqu’à nos jardins la nuit tombée. Ses empreintes sont typiques et évoquent celles d’un “petit ours”. Elles sont plus larges (plus de 5cm) que longues (4cm) pour les pattes antérieures, et de forme plutôt carrées pour les postérieures. Les marques des griffes sont généralement très visibles. Les crottes sont assez rarement observées, généralement peu éloignées du terrier, au fond d’un petit trou creusé à cet effet et logiquement appelé “latrines”… Les femelles ne mettent bas que tous les deux ans, de deux ou trois jeunes en général. Les caméras nous ont permis d’assister à des scènes cocasses : une mère qui tire son petit pour éviter qu’il ne tombe d’une petite falaise, ou une longue séance d’épouillage collectif…

La fouine (Martes foina) et la martre des pins (Martes martes) :

Ces deux espèces sont proches l’une de l’autre, d’un point de vue morphologique surtout. Les deux sont des Mustélidés (tout comme le blaireau), font la taille d’un gros chat et ont un corps allongé. Mais la martre est plus haute sur pattes, ses oreilles sont larges et lisérées de clair, son poil est plus sombre et sa “bavette”, jaunâtre (blanche pour la fouine), ne descend généralement pas jusqu’au pattes (il y a des exceptions…). La fouine est anthropophile : elle fréquente les villages et leurs alentours proches, loge dans les greniers, se nourrit même de nos déchets, etc. La martre, plus sauvage, est essentiellement forestière mais fréquente aussi le bocage. Leurs empreintes sont très similaires, de forme assez ronde, les griffes bien marquées. Celles de la martes sont très légèrement plus grandes (plus de 3.5cm de long et presque autant de large) et reconnaissable en hiver à la marque des poils. Ces animaux sont connus pour grimper aux arbres de temps en temps, car ils ne dédaignent pas les oeufs des oiseaux qui y nichent…

Les crottes sont allongées (jusqu’à 10cm de long pour 1.5 cm de large) et tubulaires, parfois torsadées, parfois recourbées en “crosse d’évêque”. Leur couleur est assez variable, du noir au jaunâtre, tout comme leur composition (poils, ossements, fruits, insectes, etc). Elles sont généralement bien mises en évidence puisque utiles au marquage territorial, sur une borne de parcelle ou en plein milieu d’un chemin.

Le renard (Vulpes vulpes) :

Le renard est à la fois commun et ubiquiste, mais il se méfie de l’Homme et ne se laisse pas apercevoir si facilement, même si la période qui précède l’émancipation des jeunes (de mai à septembre) est très propice aux observations “faciles”. En revanche, il laisse de nombreux indices de son passage, à commencer par ses empreintes qui ressemblent logiquement à celles du chien. Elles restent cependant assez petites (5cm de long et 3.5 cm de large). Contrairement aux empreintes du chien, les griffes sont toutes dirigées vers l’avant, et les deux pelotes digitales du milieu ne chevauchent pas les deux pelotes digitales des côtés (les doigts du milieu sont projetés vers l’avant, il est possible de tracer un trait entre leur base et l’extrémité des doigts latéraux). Les crottes peuvent être assez semblables à celles de la martre, avec une forme tubulaire et allongée, mais elles sont généralement un peu plus courte (7 ou 8cm maximum) et plus larges. Leur aspect est très variable, en fonction de ce que mange le goupil : orange vif avec noyaux d’églantines, noires avec cuticule de scarabées, sombres et rougeâtres avec noyaux de cerises, poils de campagnols, etc. Le terrier du renard n’est pas très “propre” si on le compare à celui du blaireau : il en exhale parfois une odeur peu agréable. Il est aussi plus étroit, et il n’y a pas de vraie coulée (ni de multiples entrées secondaires), mais plutôt un entassement de terre à l’entrée. Mauvais bâtisseur, le renard opte parfois pour une “collocation” dans un terrier de blaireaux, ces derniers y étant plus ou moins tolérants.

Le chat forestier (Felis silvestris) :

Cet animal très discret est actuellement en expansion dans un grand quart Nord-Est de la France. Une petite population existe également dans les Pyrénées. Il reste menacé par la destruction de son habitat et l’hybridation avec le chat domestique. Ce dernier lui ressemble beaucoup pour les chats harets de type “européen”, mais le chat forestier a un aspect plus massif. Sa queue (terminée par un gros manchon noir) et ses pattes sont plus épaisses, ses flancs sont homogènes (très légèrement tigrés), et sa face est légèrement différente, avec des yeux plus ronds et des “traits” moins fins… Il n’a généralement pas plus de trois bandes sur chacune de ses pattes. Essentiellement nocturne, il apprécie les alternances de grands massifs de feuillus avec des prés. Territorial, il n’est jamais très abondant (la surface fréquentée par un mâle peut dépasser les 1000 hectares). Ses crottes sont assez petites (4cm de long au maximum, pour 2cm de large), cylindriques, avec une extrémité arrondie et l’autre extrémité pointue. Les empreintes sont identiques à celle du chat domestique, si l’on excepte une taille légèrement supérieure (5cm de long sur 4 de large).

Le lièvre d’Europe :

Beaucoup plus commun que le lapin de garenne, le lièvre fréquente tout type de milieu, de la forêt au vignoble et aux cultures, en passant par les pelouses sèches qu’il apprécie particulièrement. Ses crottes, plus grosses que celles du lapin, sont généralement plus grossières et moins rondes, de couleur brune à jaunâtre. Elles sont aussi moins nombreuses (souvent par paquets de trois ou quatre). Les empreintes sont caractéristiques, avec les deux pattes postérieures à l’avant des deux pattes antérieures. Le lièvre ne vit pas dans un terrier, mais se repose dans une cuvette aménagée dans les hautes herbes. Les lièvres sont habituellement solitaires, mais ils se poursuivent entre eux en période de reproduction (essentiellement en avril-mai), et certains individus se dressent sur leurs pattes de derrière pour “boxer” leurs congénères lors de combat rituels. A cette occasion, il n’est pas rare de retrouver des “boucs” éparpillés par terre (touffes de poils vestiges de ces affrontements), voire des queues entières, noires et blanches : c’est la raison pour laquelle on désigne ce moment comme la période de “bouquinage”. Ils sont alors particulièrement peu farouches, s’approchant parfois à deux ou trois mètres des promeneurs dans leurs courses folles.

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