Les orchidées de Saint Maurice, épisode 1

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Des orchidées sauvages de multiples espèces parsèment les bois et pelouses calcaires de Saint Maurice et des proches environs. Ces plantes spectaculaires ont tout pour nous intriguer. Leur développement d’abord, qui nécessite la présence d’un champignon symbiotique particulier pour compenser l’absence de réserves nutritives de leurs graines minuscules. Leur mode de reproduction ensuite, qui repose généralement sur la naïveté des insectes, avec des fleurs imitant la forme de partenaires sexuels, mime d’autres espèces de fleurs proposant réellement du nectar, etc. Et enfin, leur beauté sublime…

Voici la première partie d’une liste quasi exhaustive des orchidées qu’il est possible d’admirer sur la commune de Saint Maurice et ses proches alentours.

Deuxième partie disponible ici : Les orchidées de Saint Maurice, épisode 2 – ADN (adn-sms.fr)

Troisième et dernière partie disponible ici : Les orchidées de Saint Maurice, épisode 3 – ADN (adn-sms.fr)

L’orchis mâle :

L’une de nos orchidées les plus courantes, elle peut se rencontrer à peu près partout, même si elle est plutôt forestière. On la retrouve d’ailleurs de la péninsule scandinave (au nord du cercle polaire !) jusqu’en Afrique du Nord.
Dans les régions méditerranéennes et montagnardes, l’orchis mâle côtoie de nombreuses espèces proches. Mais chez nous, seul l’orchis bouffon lui ressemble vraiment ; il s’en distingue par des feuilles souvent tachetées de brun rougeâtre, un port moins trapu et l’absence de veinures vertes à l’intérieur des sépales. La floraison est généralement assez précoce (début avril à début mai), et commence parfois avant que les arbres ne retrouvent leurs feuilles.

Localement, il est présent en forte abondance sur la butte du Tuzot, une pelouse calcaire située à l’ouest de Chailloux, entre Azé et Igé. On le retrouve également sur le bois de la Roche (entre Igé et Satonnay), et sur les pentes des bois qui bordent (côté nord) la route Igé – Verchizeuil. Il est également présent au bois des Brosses (Satonnay), mais cette station est menacée par l’invasion des ronces. Quelques individus marginaux se rencontrent ailleurs (bois Bussière à Champagne).

L’orchis bouffon :

L’orchis bouffon ressemble à s’y méprendre à l’orchis mâle, mais les nervures vertes à l’intérieur de ses sépales suffisent à l’en distinguer. Il est également plus petit et plus violacé, et ses feuilles ne sont pas tachetées.

Il semble moins forestier et plus enclin à pousser sur les sols très pauvres que l’orchis mâle. Sa période de floraison est similaire mais plus étalée, de fin mars à début mai. Peu exigeant mais plutôt inféodé aux milieux ouverts et dégagés, on le retrouve en forte abondance sur la butte du Tuzot. Une station très localisée (quelques mètres carrés) mais très dense existe à Champagne, sur la colline, dans un champ occupé par des poneys. On retrouve également quelques individus au sud du bois des Jaudières, vers l’aire de loisirs.

L’orchis pyramidal :

Sans doute l’une de nos orchidées les plus spectaculaires, en tout cas pour les individus les plus grands. Très caractéristiques, ses inflorescences coniques et rose bonbon, bien mises en évidence sur des tiges parfois très longues (20, 30 voire 50cm), se remarquent souvent dans les parties les plus éclairées des sous bois thermophiles, ce qui inclut les clairières et les bords de sentiers. Sa ressemblance avec une espèce proche et nectarifère, l’orchis moucheron, qui partage globalement les mêmes milieux, induit en erreur de nombreux papillons butineurs qui repartent bredouilles, mais contribueront à féconder les fleurs…

C’est une espèce assez commune, puisqu’elle forme, avec l’orchis mâle, l’orchis bouffon et l’orchis pourpre, le quator d’orchidées les plus répandues dans nos régions. La floraison est assez tardive (mi mai à mi juin). Sur la commune, on le retrouve dans le Bois Bussière (au dessus de Champagne), principalement en bord de chemin. On rencontre aussi de très nombreux individus (environ 3000), souvent plus petits (10 cm) et à la floraison plus précoce, sur la pelouse calcaire située à proximité. Il existe aussi quelques stations beaucoup moins importantes à des endroits moins secs (route d’Igé, teppe de Rondaille au nord de Chailloux, carrefour de la voie romaine, talus de Mornay, etc).

La gymnadénie moucheron :

Aussi appelé orchis moucheron, il s’agit de l’espèce servant de « modèle » à la précédente. Les inflorescences du moucheron sont plus élancées et beaucoup plus claires, tirant sur une rose violacé délavé. Cette espèce fait partie des rares orchidées qui contiennent réellement du nectar. Les éperons abritant la précieuse substance sont particulièrement longs et fins chez l’orchis moucheron, qui ne peut être butiné que par certains papillons, les seuls à posséder une trompe suffisamment longue. L’orchis moucheron peut aussi bien se rencontrer en milieu humide qu’en milieu sec. Très tolérant, il est cependant plus apte à pousser sur les sols calcaires.

Sur la commune, elle est assez localisée ; on ne la trouve qu’en petits spots, sur la partie nord de la pelouse calcaire surplombant le hameau de Champagne, où des individus roses (majoritaires) et blancs cohabitent, mais elle s’y raréfie. En revanche, de plus en plus de pieds sont observés dans la partie basse de la pelouse (une vingtaine, éparpillés un peu partout). Elle est beaucoup plus rare sur la pelouse de la butte du Tuzot (Azé). C’est l’une de nos orchidées à la floraison la plus tardive, puisqu’elle n’advient qu’à partir de fin mai / début juin.

L’orchis brûlé :

L’orchis brûlé ressemble à un modèle réduit de l’orchis pourpre ; même « casque » rouge bordeaux formé par les sépales, mêmes pétales blanc rehaussés de points rouges. Cependant l’orchis brûlé est de bien moindre stature (autour de 10 / 15 cm maximum), avec des fleurs plus petites et discrètes. Son nom de « brûlé » lui vient de son inflorescence coiffée de boutons floraux très sombres, contrastant fortement avec les pétales clairs en dessous. Ses fleurs sont principalement destinées à la tachinaire à grande corne, une mouche butineuse qui n’y trouvera cependant aucun nectar, comme souvent chez les orchidées… La période de floraison, qui à l’instar de l’orchis bouffon est très variable selon les populations, s’étend de fin avril à juin (principalement de la mi mai à début juin dans la région).

Cette espèce est l’une des seules de son genre (Neotinea) à être présente au nord de la vallée du Rhône, la confusion est donc difficile. Elle privilégie les pelouses ou clairières calcaires. Considérée comme répandue en France, elle est assez rare localement. On peut (difficilement) la dénicher au niveau des clairières de la forêt de Châtenay (entre Champagne et Azé). Une soixantaine de pieds parsèment le versant nord de la butte du Tuzot.

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