Ces curieux insectes que l’on appelle “libellules” (ordre des odonates) se répartissent en deux sous-ordres : les anisoptères, grosses libellules dont les ailes restent étendues en permanence, et les zygoptères, mieux connues sous le nom de “demoiselles”, plus petites et plus fines que leurs cousines, capables de replier leurs ailes au repos. Tout comme les libellules “véritables”, les larves de demoiselles sont aquatiques, et émergent au bout de quelques mois à deux ans. Les mois de mai et de juin sont généralement les plus favorables à l’observation des adultes, mais on en trouve parfois dès fin mars.
Ci dessous figurent les huit espèces les plus communes sur Saint Maurice. Le terme “communes” est à relativiser, compte tenu de l’impact des sécheresses successives et de la pollution des cours d’eau sur (certaines espèces ont récemment disparu des environs).
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L’agrion porte coupe est assez rare localement. Il s’observe généralement à proximité des plans d’eau calmes et peu profonds. On le distingue de son jumeau, l’agrion jouvencelle, par le petit motif noir en forme de coupe, juste en dessous du point d’attache des ailes (remplacé par deux traits noirs séparés chez le jouvencelle). De plus, les taches bleues au dessus des yeux ne sont pas reliées entre elles.
L’agrion à larges pattes est l’espèce la plus fréquente, et semble avoir plutôt bien résisté aux assèchements récents. Il est extrêmement commun et ne semble pas particulièrement inféodé aux zones humides, puisqu’on le retrouve absolument partout dans le bocage, dans les jardins sans bassin, voire même les pelouses calcaires ! On le reconnaît à la bande noire qui parcourt son dos, et à ses pattes épaissies, claires avec une ligne sombre. Généraliste, il est toutefois plus fréquents aux abords des eaux calmes. Les mâles sont bleus, les femelles brun verdâtre, et les immatures blanchâtres, sans bande noire sur le dos.
L’agrion jouvencelle, autrefois très commun localement , a vu ses effectifs fondre suite au réchauffement et à l’assèchement des mares et fossés. On le retrouvait en forte abondance le long des petites mares voire des fossés temporaires, et plus secondairement dans les prairies qui bordent les rivières.
L’agrion élégant est l’espèce la plus commune localement après l’agrion à larges pattes. Il se concentre presque exclusivement autour des eaux calmes (il est ou plutôt était très fréquent à l’étang des Jaudières, par exemple, mais aussi sur des plans d’eau plus petits). Le corps noir terminé par une tache bleue est caractéristiques. Attention, le bleu ciel de la tête et du thorax peuvent être remplacés par un bleu violacé ou un vert d’eau, selon l’âge des individus, et souvent par du brun orangé chez les femelles.
L’agrion de Mercure est une espèce réputée rare à l’échelle nationale voire européenne, en forte régression. On reconnaît le mâle aux pointes qui surplombent les bandes noires de son abdomen. C’est une espèce bioindicatrice car très sensibles à la dégradation de la qualité chimique des cours d’eau, inféodée aux rivières très peu polluées. Les Alpes concentrent le gros des populations françaises. Localement, il a été détecté à plusieurs reprises dans la vallée du Talenchant, non loin de Verchizeuil (au sud de Satonnay), jusqu’en 2020. Mais les récents évènements laissent peu d’espoir quant à l’avenir de cette micro population. Juste en dessous des ailes figure ce dessin en forme de “casque à cornes”, un autre signe distinctif. Les femelles, presque entièrement noires, sont plus compliquées d’identification.
La petite nymphe au corps de feu est difficile à confondre : le corps est entièrement rouge, y compris les yeux, avec une zone noircie à l’extrémité de l’abdomen, plus clair et traversé de bandes brunes soulignées de beige chez la femelle. C’est une espèce associée aux eaux calmes voire stagnantes (mares, vasques de certaines rivières). Quelques individus fréquentent les ornières en forêt (bois du Taillis). Elle est assez répandue localement, mais ses effectifs ne sont jamais très conséquents.
Les calopteryx, un peu plus grands que leurs congénères, peuvent les prédater, à l’occasion. Dès le mois de mai, les adultes se rassemblent en bandes de plusieurs dizaines d’individus (pont de la Mouge au sud du bourg, Petite Mouge vers la route d’Igé, etc) : commence alors un ballet reproducteur spectaculaire. Les mâles s’attribuent des territoires qu’ils défendent farouchement contre leurs rivaux. Le calopteryx vierge tolère assez bien les conséquences du réchauffement climatique. Inféodé aux rivières vives et bien oxygénées, il est localement plus courant que son proche cousin le calopteryx éclatant (cf ci-dessous). Les mâles immatures ont les ailes couleur bronze et non bleu sombre.
Le calopteryx éclatant se différencie du précédent par ses ailes transparentes et non pas “fumées” pour la femelle (dont l’abdomen a moins de reflets bronzés), et transparentes à la base et à l’apex pour le mâle. Il est également inféodé aux eaux vives, mais plus localisé que le précédent, on le retrouve principalement sur la Mouge.