Fougères de nos contrées

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Petit panel des fougères locales. Même si elles sont souvent associées aux zones humides dans l’imaginaire collectif, les fougères sont plus diversifiées qu’il n’y paraît et occupent pléthore de milieux. Cet article ne présente que les espèces les plus communes.

Photos Lancelot Krypiec.

La fougère mâle (Dryopteris filix-mas) :

Cette grande fougère (un peu plus d’un mètre maximum) se reconnaît à son aspect robuste, à son port en touffe verticale formant généralement un entonnoir. Le nom n’a rien à voir avec le “sexe” de la plante, il s’agit bel et bien d’un nom d’espèce : fougère “mâle” car son aspect et son port lui confère une apparence plus robuste que celle de la fougère “femelle” (une autre espèce commune, voir ci dessous) : un peu misogyne… Le bord des folioles est orné de découpures très peu profondes. Les tiges ont quelques poils épars à leur base. Cette espèce apprécie les forêts humides, relativement ombragées, et semble éviter les zones pentues. L’extrémité des feuilles (frondes) reste assez longtemps enroulée après leur sortie. Les sores (amas de spores orangés sur la face inférieur des frondes) sont assez gros. Sur la commune, elle est assez abondante dans les bois humides de Satonnay (Taillis, Gourlaine, Château, etc).

La fougère femelle (Athyrium filix-femina) :

La fougère femelle ressemble à première vue à la fougère mâle, mais ses folioles sont plus finement dentelés. Les frondes semblent plus fines et plus fragiles. Le port est aussi plus souple et étalé, moins vertical (critère peu fiable). On la retrouve sur les sols forestiers très humides, parfois en bordure de fossé, le long des routes forestières. Mais contrairement à la fougère mâle, elle ne tolère pas les zones très ombragées. Localement, la fougère femelle est très abondante le long de la route forestière et des chemins qui longent le bois de sapins (bois du Taillis), mais on peut la retrouver dans toutes les forêts humides.

Le dryopteris des Chartreux (Dryopteris carthusiana) :

Cette petite fougère (rarement plus de 50 cm) est un peu moins inféodée aux bois humides que les deux précédentes. Elle apprécie toutefois les sols assez humides et bien drainés. Mais elle peut tout à fait pousser en pente ou dans des zones très ombragées (elle pousse mal en pleine lumière), parfois sur des souches. Son autre nom vernaculaire, le dryopteris “spinuleux”, fait référence aux pointes qui couvrent les folioles. Les frondes sont assez peu nombreuses (souvent deux à cinq). Le port est assez anarchique et étalé. Attention, de nombreuses autres espèces de Dryopteris lui ressemblent dans les zones tempérées.

Le polystic à cils raides (Polystichum setiferum) :

Aussi appelée fougère de fleuristes car très appréciée comme espèce d’agrément, le polystic est localement assez rare, cantonné aux lisières du bois du Taillis. Cette espèce d’assez grande taille (autour de 80 cm) apprécie les zones partiellement ombragées avec un sol bien drainé, humide mais sans plus. Les frondes se reconnaissent facilement aux poils orangés qui recouvrent les tiges. Elles sont étroites à leur base et assez souvent tordues, en “hélice”. Les touffes ont une forme d’entonnoir élargi, assez semblable à celui de la fougère mâle, mais beaucoup moins compact, avec assez souvent de vieilles feuilles encore dressées. Les folioles sont légèrement dentelés et terminés par une pointe très fine.

La fougère-aigle (Pteridium aquilinum) :

Cette espèce se reconnaît au premier coup d’oeil à ses frondes triangulaires et d’aspect très gracile (folioles écartés). La fougère – aigle peut pousser dan uns les forêts relativement sèches, sur des sols généralement acides et avec beaucoup de lumières. On la retrouve donc sur les talus routiers, le long des chemins et dans les clairières lorsque le taillis est éclairci. Localement, elle est présente un peu partout, mais en plus grand nombre dans la forêt de Chailloux, et le long de la route de Satonnay et de la route forestière, sur les talus herbeux. Cette espèce très robuste est connue pour sa capacité à se cloner via son rhizome, ainsi que sa longévité remarquable (un rhizome peut persister pendant plusieurs siècles voire millénaires, et peut rapidement donner de nouvelles frondes en cas d’incendie). Elle peut coloniser des surfaces importantes en peu de temps.

La cystoptère fragile (Cystopteris fragilis) :

Cette fougère de taille modeste passe assez souvent inaperçue. D’abord à cause de la taille de ses frondes, qui n’excèdent que rarement les 15-20 cm. Mais aussi parce que ces frondes sont assez peu nombreuses, plutôt fines et… fragiles d’aspect. De plus, cette espèce se retrouve généralement sur des pentes calcaires ou des talus rocailleux humides, en ubac, elle est d’ailleurs très résistante au froid. Elle y cohabite avec d’autres fougères, et se retrouve souvent “perdue” dans une végétation très dense. Localement, elle est plus abondante sur les communes et hameaux situés entre le Mâconnais et le Clunisois (Vaux-sur-Aine par exemple).

La capillaire des murailles (Asplenium chitomanes) :

Cette minuscule fougère (les frondes mesurent souvent moins de 10cm, plus rarement 20cm) pousse sur la rocaille ou les murets de pierre sèche, mais elle évite les stations trop exposées. Elles est plus abondante sur les murs ombragés ou les endroits frais, comme les ponts de pierre, et apprécie la roche calcaire. Il lui est toutefois possible de croître sur certains talus pentus. Son nom viendrait de la couleur noire de ses pétioles (“tiges” supportant les feuilles), faisant songer à des cheveux. Elle est réputée extrêmement résistance à la dessication, au manque de nutriments et au froid. On peut la retrouver en montagne (jusqu’à 2000m).

Le cétérach officinal (Asplenium ceterach) :

Une autre petite fougère (7 à 15cm) d’aspect plus compact que la précédente. Les frondes sont d’un vert plus clair et les pétioles sont pâles. D‘affinité plutôt méditerranéenne, il est moins abondant dans le nord de la France. C’est aussi une fougère de murets, mais contrairement à la capillaire, il ne rechigne pas à pousser sur des zones exposées, ne craignant ni la chaleur ni la dessication. Cette résistance lui vient de ses frondes, qui s’enroulent par temps sec et présentent des écailles sur la face inférieure exposée. Son nom “officinal” lui vient de l’utilisation qui en était faite pour soigner certaines maladies respiratoires. Contrairement à bon nombre de nos fougères, son feuillage persiste tout au long de l’année.

Le polypode commun (Polypodium vulgare) :

C’est la plus grande fougère de nos murailles, les grandes frondes mesurent généralement une vingtaine de centimètres. Avec ses feuilles robustes découpées mais non subdivisées, elle est impossible à confondre. Localement, on la retrouve dans les villages comme en forêt, généralement sur des murs de pierre sèche ou des rochers ombragés en ubac, à l’abri du vent. Elle peut plus rarement pousser directement sur le tronc d’un arbre (épiphytisme). Autrefois connue sous le nom de “réglisse sauvage”, son rhizome aurait un goût sucré et diverses vertus médicinales. Cette espèce, sans être nordique, évite les régions trop sèches. Son feuillage est persistant.

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