Une sauterelle, mais laquelle ?

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Malgré quelques caractéristiques assez flagrantes (antennes et pattes arrières très longues), les sauterelles sont souvent prises pour des criquets. Contrairement à ces derniers, il s’agit de grandes prédatrices, qui peuvent toutefois grignoter des végétaux à l’occasion. Elles restent de bons auxiliaires pour les jardiniers, dévorant les larves de coléoptères et de mouches. Voici les huit espèces les plus fréquemment rencontrées sur la commune (les tailles données correspondent à la longueur sans les ailes ni les pattes ni les antennes) :

La grande sauterelle verte (Tettigonia viridissima) :

On commence avec la plus grande espèce de sauterelle locale. La grande sauterelle verte porte bien son nom (corps de 4-5 cm sans les ailes), même si son dos est traversé d’une bande brune plus ou moins foncée. Les ailes et leurs élytres, très longs, confèrent une silhouette très élancée à l’insecte, atteignant l’extrémité de l’oviscapte (prolongement pointu de l’abdomen des femelles, utilisé pour creuser le trou qui accueillera les oeufs). Cet oviscapte est particulièrement grand, ce qui vaut à cette espèce le surnom de “sabre”. La grande sauterelle affectionne les terrains enfrichés et les prairies fauchées tardivement : elle se rencontre donc relativement peu souvent dans les jardins conventionnels. Elle a une réputation de grande mangeuse de doryphores. Autrefois omniprésente, elle a subi de plein fouet l’utilisation généralisée des pesticides et la raréfaction des prairies. Le chant du mâle, en juillet et en août, est particulièrement sonore.

Les phanéroptères méridional (Phaneroptera nana) et commun (Phaneroptera falcata) :

Aujourd’hui plus abondant que la grande sauterelle verte, le phanéroptère est également plus petit (moins de 20 mm sans les ailes) et plus élancé. Le chant est plus discret et nocturne. L’oviscapte de la femelle (voir photo) n’est pas long et droit comme celui de la grande sauterelle verte, mais court et recourbé vers le haut. La coloration est d’un vert plus terne, ponctuée de minuscules points noirs. Le dos est parcouru d’une bande brune estompée. On le rencontre généralement dans les haies ou en lisière : il apprécie les arbustes exposés au soleil, et les fourrés des pelouses sèches. Petite particularité pour une sauterelle : il est “végétarien”. Autrefois véritablement “méridional”, son aire de répartition s’est étendue : il n’est absent que dans un petit quart nord du pays. Le phanéroptère commun, une espèce jumelle, s’en distingue par quelques menus détails (fémurs moins large, pronotum moins haut, et chez les femelles bord inférieur de l’oviscapte * brun au lieu de vert) qui nécessitent un examen attentif.

* L’oviscapte correspond à cette espèce de “sabre” qui termine l’abdomen des femelles sauterelles, et qui leur sert à pondre dans des substrats durs.

La leptophye ponctuée (Leptophyes punctatissima) :

Cette petite (15 mm) sauterelle est très commune : elle est présente sur toute la France, partout où il y a des buissons. On la retrouve assez fréquemment dans les jardins. Le corps est vert clair parsemé de petits points noirs, les tibias sont bruns et le dos est parcouru d’une bande brune large chez le mâle (photos de gauche et de droite), fine et claire chez la femelle (photo centrale), qui porte un oviscapte court et recourbé. Bien que commune, la leptophye est assez difficile à repérer, étant peu active le jour et souvent dissimulée dans les feuilles d’orties ou de buissons. Le chant est également très discret. Tout comme le phanéroptère, elle est herbivore. Ses ailes minuscules ne lui permettent pas de voler. Plutôt arboricole, elle pond dans les anfractuosités des écorces.

La ruspolie à tête de cône (Ruspolia nitidula) – le conocéphale bigarré (Conocephalus fuscus) :

La ruspolie (les deux photos en haut à gauche et la photo du bas), aussi appelée conocéphale gracieux, est une curieuse sauterelle de taille moyenne (corps de 35 mm sans les ailes), assez largement répandue en France. Elle apprécie les zones enfrichées avec une végétation dense, et évite les endroits trop secs. Sa tête conique avec les yeux en avant est très caractéristique, et, avec les longues ailes, lui donne une allure très élancée. La coloration, assez mimétique, est verte homogène, à l’exception des tibias et des antennes, parfois jaunâtres, et du dos, parfois brun. Il existe cependant des individus entièrement brun clair. D’origine plutôt méridionale, elle progresse peu à peu vers le nord. Le chant est typique : c’est un bourdonnement continu, très aigu et strident, qui a vite tendance à casser les oreilles lorsque l’on s’en approche…

Le conocéphale bigarré (photo en haut à droite), cousin plus petit (15 mm) de la ruspolie, s’en distingue également par une tête moins conique et une bande brune le long de son dos. C’est une sauterelle typique des prairies humides, même si elle peut se rencontrer ailleurs, si la végétation est suffisamment dense. Il est essentiellement (mais pas exclusivement) herbivore. L’oviscapte de la femelle (cf photo), assez long et droit, lui permet de pondre dans la tige des herbacées.

Le barbitiste des Pyrénées (Isophya pyrenaea) :

Cette sauterelle moyenne (25mm) à la silhouette ventrue ne possède pas d’aile. Le mâle dispose cependant d’une paire d’élytres atrophiées qui servent au chant. Réputée placide et discrète, elle affectionne les milieux ensoleillés et légèrement secs, mais elle semble assez éclectique. En Bourgogne, elle est bien présente sur les côtes mâconnaise, châlonnaise et dijonnaise. L’individu pris en photo est un mâle (pas de tarière, petits élytres, bande blanche et rougeâtre, oeil vert et rouge). La femelle est presque uniformément verte. C’est une espèce précoce pour une sauterelle (l’adulte pris en photo, d’assez grande taille, a été observé fin juin).

La pholidoptère cendrée (Pholidoptera griseoaptera) :

Parfois appelée decticelle cendrée, cette sauterelle omnivore, brune et de taille moyenne (20mm) s’observe le plus souvent à proximité de forêts ou au moins de bosquets. Les jeunes, bruns avec une bande jaunâtre très claire, peuvent être très abondants dans les feuilles mortes des chênaies, mais ils apprécient aussi les ronciers et les massifs d’orties. Cette espèce ne possède pas d’aile, seulement des élytres atrophiés ! Assez tolérante vis à vis du froid, elle peut être observée tardivement dans l’année, jusqu’en novembre. Les femelles pondent dans le bois mort.

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