Les amphibiens

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La commune de Saint Maurice est idéalement située au sein du Mâconnais pour l’observation des amphibiens, au niveau de la confluence de la Mouge avec ses trois principaux affluents. Les mares abreuvoirs et forestières y sont abondantes, les prairies humides sont également assez bien représentées, plutôt rare dans cette région calcaire et viticole ! Les habitants de la commune ont d’ailleurs reçu le sobriquet de “grenouillats”, et ce n’est pas un hasard. Les amphibiens de nos contrées se divisent en deux ordres : les anoures, “sans queue” (crapauds, grenouilles) et les urodèles (tritons, salamandres).

Article encore en cours de rédaction ; nous manquons de photos (salamandre, crapaud calamite, alyte accoucheur), n’hésitez pas à nous transmettre les vôtres pour enrichir le site !

La grenouille rousse (Rana temporaria) :

Cette espèce très répandue se reproduit tôt, dès le mois de février (et jusqu’en avril). Mais localement, cette période varie beaucoup d’une année à l’autre. Cette précocité est sans doute liée à sa relative résistance au froid, on la retrouve d’ailleurs sur les lacs de haute altitude. Contrairement aux grenouilles vertes, elle s’attarde assez rarement sur ses sites de reproduction. La coloration est extrêmement variable, variant du brun sombre au roussâtre, en passant par le marron clair. Le bandeau sombre entre les yeux et les narines n’est pas toujours présent. Les pattes (parfois le dos) sont tachées de sombre. La taille n’excède guère les 7cm. Sa proche cousine, la grenouille agile, a un museau plus droit, une coloration plus homogène et des pattes plus longues. Les grenouilles rousses se retrouvent à peu près partout où il y a de l’eau, même temporairement. Les fossés de drainage peuvent présenter d’importantes densités. En forêt, une simple flaque peut faire l’affaire. Seules les rivières sont évitées. Localement, la grenouille rousse est particulièrement abondante sur les bois du Taillis, des Brosses et des Dames. On la retrouve aussi dans les fossés aux abords de Collonge, et sur la mare de Champagne. Les autres sites de reproduction sont plus anecdotiques. Une femelle peut pondre entre 2000 et 4000 oeufs par saison.

La grenouille agile (Rana dalmatina) :

Moins fréquente que la grenouille rousse, elle lui ressemble beaucoup ! On peut l’en distinguer par son museau plus pointu, son tympan plus grand (même taille que l’oeil) et son bandeau sombre plus étendu (absent ou ne dépassant guère le tympan chez la grenouille rousse). La coloration est globalement plus homogène (on trouve parfois des spécimens orangés / couleur saumon), l’aspect général plus élancé. Et surtout, ses pattes sont plus longues (lorsqu’elles sont ramenées contre le corps, le talon dépasse nettement le museau). Contrairement à la grenouille rousse, elle évite les zones montagneuses. C’est une espèce plutôt forestière, et c’est particulièrement vrai sur la commune, où elle est totalement absente des milieux ouverts. Cependant, elle peut théoriquement fréquenter les prairies inondables. Assez sensible à la dégradation de son habitat (envasement des mares, pollution), elle semble être en forte régression. Les pontes sont relativement petites comparées à celles de ses cousines (autour de 1000 oeufs), et de forme plus ronde. La reproduction, assez précoce, est très concentrée dans le temps, entre fin février / début mars et mi mars. Pour pondre, elle privilégie les ornières et les mares d’une certaine superficie, à l’inverse de la grenouille rousse qui peut utiliser la moindre flaque d’eau. Sur la commune, les grenouilles agiles se trouvent principalement sur le bois de Gourlaine, mais elles ont également été observées au bois des Jaudières. Le chant du mâle est caractéristique : émis sous l’eau, ce n’est pas un rire ou un croassement, mais une sorte de grognement étouffé, assez grave et peu audible.

Les grenouilles vertes (genre Pelophylax) :

” Les ” grenouilles vertes puisque trois “espèces” cohabitent sur notre territoire. En réalité, la grenouille verte “classique” résulterait de l’hybridation entre la grenouille de Lessona (moins tachée et plus petite) et la grenouille rieuse (plus grande, coloration plus hétérogène). Mais l’identification précise est une affaire délicate, et implique de nombreux critères plus ou moins fiables (arrière des cuisses, tubercule métatarsien, chant, etc). Les grenouilles vertes sont un peu plus dépendantes de l’eau et plus “frileuses” que les grenouilles rousses. On les retrouve ainsi durant toute la bonne saison (de mars à juin) sur leurs sites de reproduction. Il s’agit généralement de points d’eau permanents ou presque : les étangs de pêches, mares abreuvoir profondes et bassins d’agrément sont très appréciés, ainsi que les rivières. La coloration est là encore assez variable. De fond vert (plus clair chez la Lessona) à brun verdâtre, agrémentée de nombreuses taches (absentes du dos en reproduction chez la Lessona) vert sombre à noirâtres, avec une ligne vert clair (parfois absente) qui parcourt le dos sur toute sa longueur. Le ventre est généralement blanchâtre. La grenouille rieuse, qui est de loin la plus imposante et la plus bruyante des trois, nous vient d’Europe de l’Est (individus importés à des fins alimentaires). Sa répartition semble fragmentée en Bourgogne, avec assez peu de mentions dans le sud de la région. Elle est pourtant réputée prolifique, avec 15 000 oeufs par saison.

Le crapaud commun (Bufo bufo) :

Les crapauds, bien moins dépendants de l’eau que les grenouilles, ne fréquentent les points d’eau que pour se reproduire. Deux à trois vagues de migration massive adviennent de début mars à mi avril. Le reste de la saison, ils s’abritent sous la litière forestière, dans les caves ou les murets de pierres sèches, ne sortant que la nuit pour traquer insectes et lombrics. Une espèce extrêmement proche (Bufo spinosus, le crapaud épineux) cohabite en Bourgogne : ces glandes parotoïdes (protubérances allongées derrière les yeux, pouvant dégager un liquide irritant) sont moins parallèles. Les crapauds épineux sont réputés plus imposants que leurs cousins, et de coloration moins homogène. Cependant, l’identification reste une affaire de spécialiste et requiert généralement l’utilisation d’outils génétiques. Ils remplacent le crapaud commun dans la moitié sud-ouest de la France, mais de nombreux cas de sympatrie ont été observés.

En période de reproduction, les mâles crapauds, plus petits (8cm) et plus nombreux que les femelles (12cm), sautent littéralement sur “tout ce qui bouge”. Au paroxysme de leur frénésie reproductrice, ils peuvent ainsi s’agripper à une grenouille, une salamandre ou un pied de randonneur… Les femelles crapauds sont régulièrement harcelées par plusieurs mâles qui forment des amas en s’agrippant à elles, et risquent la noyade. Les oeufs, jusqu’à 6000 par ponte, forment de longs rubans sombres accrochés à la végétation.

Localement, les populations de crapauds n’ont cessé de s’éroder autour de sites “refuges”. Quelques reproducteurs fréquentent les vieilles bâtisses et les bassins du bourg, mais ils sont beaucoup plus nombreux sur l’étang des Jardins du Vernay et dans le bois voisin : aucune route à traverser pour ce site… Car habituellement, les migrations annuelles précédant la reproduction impliquent une forte mortalité liée au trafic routier, frisant les 50% . Le Val Suzon (au nord ouest de Dijon) en est un exemple particulièrement flagrant, les actions locales de sauvetage ayant permis de limiter le phénomène.

La salamandre tachetée (Salamandra salamandra) :

Réputée rare dans l’imaginaire collectif, la salamandre est pourtant l’un de nos amphibiens les plus communs en région forestière. A Satonnay, hameau entouré de forêts, plusieurs centaines d’adultes peuvent être observés en période de reproduction sur les terrains situés en lisière. Elle ne fréquente les points d’eau que pour y “mettre bas”, sans même s’immerger complètement. En effet, la salamandre ne pond pas, mais donne naissance à une vingtaine de larves déjà formées, après 8 mois de gestation. La reproduction est très étalée, de février à mai et de septembre à octobre. Très peu exigeante, une femelle peut se contenter d’une simple flaque d’ à peine un centimètre de profondeur, même si les ornières herbeuses et les sources calmes sont généralement préférées, à l’inverse des ruisseaux mouvementés. Dans les sources graveleuses, les jeunes larves, encore claires, sont particulièrement mimétiques (photo en bas à gauche). Les sites choisis sont très majoritairement forestiers, avec quelques exceptions en prairie, mais rarement loin d’une forêt. Les bois des Brosses et du Château présentent des abondances de larves remarquables. Les larves se distinguent facilement de celles du triton : tête large, branchies particulièrement saillantes, corps brun taché de noir, zones claires à la base des pattes, longueur jusqu’à 5cm. Tout comme les crapauds, les adultes, qui peuvent atteindre les 15 / 20cm, sont nocturnes et trouvent refuge dans les tas de bois, de pierres ou les vieilles souches lorsqu’il fait sec.

Les tritons :

(Adulte temporairement déplacé lors de la vidange d’un bassin)

Les tritons, moins abondants que les salamandres, sont également beaucoup plus inféodés à l’eau. Les adultes existent en effet sous deux formes : une forme terrestre, qui se réfugie dans les tas de bois ou les haies bocagères, et une forme aquatique, reproductrice. Deux des cinq espèces françaises cohabitent dans le Mâconnais : les tritons alpestre et palmé. Sur le Clunisois notamment, elles sont rejointes par une troisième, plus rare : l’imposant triton crêté. Les tritons ont besoin de végétation immergée pour y coller leur oeufs minuscules (une centaine par femelle au total), par petits amas. La croissance des larves étant assez lente (au moins 3 mois), les tritons payent un lourd tribut à l’assèchement précoce des points d’eau. Une fois pondus, les oeufs mettent 10 jours à éclore. Les pattes avant se développement très vite, suivies des pattes arrières après 20 jours.

Le triton palmé (Lissotriton helveticus) est de loin le plus commun et le plus répandu de tous les tritons. Peu exigeant quant au choix de ses sites de reproduction, il peut s’accommoder d’une simple ornière ou flaque forestière, mais l’assèchement précoce de ces points d’eau rend compliquée la survie des larves jusqu’au moment de leur émergence. Les mares abreuvoir des pâtures sont généralement plus fréquentées, mais il y évite les zones trop profondes. Le mâle présente approximativement la même couleur brune que la femelle, mais arbore aussi des taches sombres irrégulières sur les flancs, et ses pattes arrières sont palmées (caractéristique de l’espèce). En période de reproduction, le cloaque du mâle est enflé, et la queue terminée par un petit filament. Ce petit triton n’atteint que rarement les 10 cm. Sur Saint Maurice, il se reproduit dans presque toutes les mares sans poisson et comportant suffisamment de végétaux (Mornay, Champagne et vers la Petite Mouge entre autres), et dans quelques ornières du bois du Taillis. Les premiers reproducteurs se montrent a partir de début mars voire fin février, et restent très actifs jusqu’à fin avril.

Le triton alpestre (Ichthyosaura alpestris) est, comme son nom l’indique, présent à la fois en plaine et jusqu’à 2500 mètres d’altitude. A peine moins fréquent que le palmé, il est cependant beaucoup moins abondant en forêt. Les sites privilégiés sont donc les mares abreuvoirs et les bassins d’ornement sans poissons. Il peut également se reproduire en eau courante (ruisselets). Le mâle nuptial est une vraie splendeur : dos bleu sombre et ventre orange vif, séparés par une bande claire tachée de noir. Son cloaque est également enflé en période de reproduction. Le triton alpestre peut occasionnellement dépasser les 10cm. Localement, il est assez régulier sur les bassins d’ornement, mais beaucoup moins constant dans les mares en prairie.

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