Première partie disponible ici : Les orchidées de Saint Maurice, épisode 1 – ADN (adn-sms.fr)
Troisième et dernière partie disponible ici : Les orchidées de Saint Maurice, épisode 3 – ADN (adn-sms.fr)
La suite du panel d’orchidées sauvages observables sur Saint Maurice et ses proches alentours :
L’orchis pourpre :
L’orchis pourpre, à l’image de l’orchis pyramidal, est à la fois splendide et parfois très abondants sur certains sites. Surnommé “lady orchid” par nos amis britanniques, on le reconnaît à ses lobes pâles bordés et ponctués de violets, surmontés par des sépales… pourpres. Attention à la confusion avec l’orchis militaire (voir ci dessous), espèce proche avec laquelle il peut s’hybrider. Les hybrides (photo ci contre) présentent logiquement des caractères intermédiaires ; lobes assez larges mais plus pâles, “casques” formés par les sépales bicolores.
L’orchis pourpre se trouve en milieu sec. Contrairement aux orchis bouffon et pyramidal, il ne semble pas s’épanouir sur les terrains très dégagés. Ainsi, on le retrouve sur les zones les plus enfrichées (genévriers) de la pelouse de Champagnes, en très forte abondance. Quelques autres spots beaucoup plus modestes sont dispersés dans les environs : au bois David, à Satonnay (entre Mornay et le Vernay), sous les pommiers bordant le chemin qui mène à Azé depuis de Champagne, et sur la butte du Tuzot, au nord d’Igé.
L’orchis militaire :
Le cousin de l’orchis pourpre évoqué précédemment. Mais ses inflorescences sont plus rosés que violacées, avec de casques bien blancs, et ont un aspect plus lâche. De plus, elles n’excèdent que rarement les 12 cm. Tout comme l’orchis pourpre, le militaire, qui fleurit d’avril à juin, évite les zones entièrement dégagées. Cette espèce, bien qu’assez répandue en France, fait partie des orchidées les moins fréquentes localement. Sur la pelouse de Champagne, 7 orchis militaires seulement ont été détectés lors de l’inventaire de 2022, tous situés dans la partie basse, à proximité relative du vignoble, et “dilués” dans une vaste population d’orchis pourpres. Quelques rares plantes subsistent également sur la butte du Tuzot. Dans certaines régions, on le retrouve également en bois calcaire. Sa localisation à Champagne suscite des inquiétudes, puisque l’une de ses localisations est potentiellement menacée par la progression du pin noir.
Les dactylorhizes :
Les dactylorhizes forment un groupe à la taxonomie délicate, et sont complexes d’identification : il s’agit donc de rester prudent vis à vis des noms attribués à ces photos. Ce sont des orchidées généralement associées aux milieux humides, en tout cas aux prairies. Leur nom vient du fait qu’ils possèdent, à la différence des orchis par exemple, un bulbe à appendices, ainsi qu’une tige raide et creuse. La floraison s’étend de fin avril à juin.
- Le dactylorhize de mai se reconnaît à sa couleur très intense et à ses feuilles dressées et tachetées de marron. Ses bractées (feuilles modifiées et pointues) sont de la même couleur que les fleurs, elles se fondent donc parfaitement dans l’inflorescence. Il se rencontre sur les prairies humides (voire inondables) bien exposées, et est en forte régression sur tout le territoire. Cinq pieds ont été détectés à Saint Maurice, sur la forêt fruitière des Jaudières.
- Le dactylorhize incarnat se reconnaît à ses fleurs plus ou moins pâles et marquées de motifs foncés de forme assez variable. Les bractées, verte, sont caractéristiques de cette espèce qui est également en forte régression, les prairies humides se faisant de plus en plus rares. Un seul individu a été découvert à Saint Maurice pour le moment, à proximité du précédent, aux Jaudières (non observé en 2024).
- Le dactylorhize tacheté, moins imposant que les deux précédents, est aussi beaucoup plus abondant : bien qu’absent des milieux secs, il semble moins inféodé aux milieux humides. Il recouvre toute la partie Est de la forêt fruitière des Jaudières (plusieurs cinquantaines de spécimens). Attention : il peut être confondu avec plusieurs autres espèces de dactylorhizes, et les fleurs ont vite tendance à blanchir. Dans tous les cas, sa ressemblance avec le dactylorhize de Fuchs (une espèce plus forestière) rend l’identification incertaine.
L’expansion des dactylorhizes de la commune, tous situés sur le verger des Jaudières, est limitée par les jeunes trembles qui envahissent les lieux, ce qui rend d’autant plus capital l’entretien (fauche annuelle tardive) de la parcelle. Leur présence a donc été signalée à la mairie.
Les céphalanthères :
Autres orchidées à rhizome, les céphalanthères sont essentiellement forestières. Les fleurs peu abondantes (6 à 20 par inflorescence) de la discrète céphalanthère à longues feuilles ne font pas vraiment songer à une orchidée. Dans certaines régions, elle est malheureusement victime de cette sobriété et de sa taille (de 20 à 40 cm), cueillie pour embellir les bouquets de muguet, puisque la floraison commence fin avril (jusqu’à fin juin). Les feuilles sont longues et fines, implantés sur la tige avec un angle de 45°. Assez largement répartie au niveau mondial, elle est présente en Afrique du Nord et en Asie occidentale, et même sur l’Himalaya ! En Europe, cette orchidée est presque strictement forestière. Localement, une douzaine de spécimens bordent le sentier qui traverse le bois Bussière, sur la colline de Champagne : elle apprécie les sols frais garnis en humus. On retrouve de très rares individus sur la pelouse toute proche, à proximité de la lisière.
Quelques pieds de céphalanthère blanchâtre ont récemment été détectés sur Igé, en lisière de forêt, au bord d’une pinède. Ses fleurs sont moins blanches, plus jaunâtres, et les feuilles, moins rigides, n’ont pas ce port typique à 45°. L’espèce, également forestière, est un peu plus inféodées aux sols calcaires et aux lisières bien exposées.
La limodore à feuilles avortées :
Une espèce très étonnante, particulièrement discrète durant les jours qui précèdent sa floraison, lorsque les fleurs ne se sont pas encore ouvertes. Elle ressemble alors furieusement à une grosse aspergette violacée, et passe facilement inaperçu. Mais une fois une fleur, la confusion n’est plus possible ! Le labelle est pointu, blanc et parsemé de taches violettes.
Cette espèce parasite n’a, comme son nom l’indique, que de minuscules feuilles jaunes qui gainent sa tige. Incapable d’effectuer de la photosynthèse, elle ne peut survivre sans un champignon du genre Russula, qu’elle va parasiter des années durant (jusqu’à une décennie entière) avant de laisser apparaître ses premières tiges ! Lorsque les conditions sont défavorables, la plante peut végéter durant plusieurs années, en se développant sous terre uniquement. En temps normal, elle fleurit assez tardivement, de mai à juillet.
C’est une espèce typique des boisements thermophiles d’érables, de pins ou de chênes. Elle est d’ailleurs plus fréquente dans le Sud de la France. Sur la commune, on retrouve une petite vingtaine d’individus sur la pelouse de Champagne, le long du sentier qui borde le bois.
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